Que l'amour
À propos de Laetitia Mikles
Pourquoi filmez-vous ?
Il m’est difficile de répondre à une telle question. Quand j’ai rencontré Abdel, chanteur amateur à qui j’ai consacré mon film Que l’Amour, j'ai beaucoup discuté avec lui avant de tourner. Je me souviens notamment d'un jour où nous parlions de son envie irrésistible de monter sur scène pour interpréter les chansons de Brel. Je me rappelle lui avoir demandé : « D’où vient ton plaisir à chanter devant un public ?». Il m’a répondu : « En fait, c’est drôle. Le plaisir, je ne sais pas s'il y en a. Avant de monter sur scène, j’ai le trac, une angoisse terrible qui me donne envie de fuir. Puis, quand je suis sur scène, tout se passe trop vite, en une seconde, je n’ai le temps de me rendre compte de rien. Et après, quand je sors de scène, je vois tous les défauts, c’est très rare que je sois satisfait ». Il a eu un temps de pause. Et il a fini par dire : « Et pourtant, à chaque fois, je ne comprends pas pourquoi, j'ai toujours envie de recommencer ». Moi aussi, j'aurais pu prononcer ces mêmes phrases, mot pour mot. Pourquoi filmer ? Sans doute pour s'enfoncer dans les profondeurs du secret des autres dans l'espoir de retrouver ce qui se cache au fond de son propre mystère.
Son parcours
Après des études de sociologie et d'audiovisuel, Laetitia Mikles est lectrice de scénarios pour Arte et Canal +. Elle est critique, réalisatrice et enseigne l'histoire du documentaire. Depuis 1998, elle collabore à l'écriture de critiques pour la revue Positif. En 2001, elle réalise son premier documentaire, Lucie va à l'école puis Touchée et De Profundis. En 2007, elle réalise Rien ne s'efface, film où elle fait le portrait de la réalisatrice Naomi Kawase en trois rendez-vous. En 2013, elle réalise le court-métrage Kijima Stories, histoire d'un dessinateur japonais pour lequel elle recevra plusieurs prix.